5.08.2009

En passant.


Georges Braque


I couldn't portray a woman in all her natural loveliness . . . I haven't the skill. No one has. I must, therefore, create a new sort of beauty, the beauty that appears to me in terms of volume, of line, of mass, of weight, and through that beauty interpret my subjective impression. Nature is a mere pretext for a decorative composition, plus sentiment. It suggests emotion, and I translate that emotion into art. I want to expose the Absolute, and not merely the factitious woman.


The Architectural Record, New York, May 1910

1.14.2009

Pour la forme.


La vie défile à toute vitesse et j'avoue que je préfère pas m'arrêter et prendre le temps d'y réfléchir. Parfois l'introspection est effrayante. J'ai peur de découvrir des trucs qui me mettent mal à l'aise. Au début de l'année, les responsables de l'intégration nous recommandaient de sortir de notre zone de confort, d'aller à la rencontre, de se forcer à sortir. Et en apparence, je l'ai explosé, ma zone de confort. Je commence à avoir ma petite réputation gratifiante ici, les gens me filent des grosses tapes viriles dans le dos et écrivent sur mon wall.


Mais j'ai l'impression de l'avoir gardé tout du long ma zone de confort. Je me suis pas vraiment mis en danger, c'est ce que je veux dire. Ou si on considère qu'accumuler des rencontres éphémères, se ruiner la santé, ne rien foutre, sacrifier les cours, remettre les choses importantes à plus tard, ne pas penser à l'avenir, sortir à s'en dégouter, checker Facebook dix fois par jour, mentir, gaspiller, critiquer, se branler, tomber malade toutes les cinq minutes, faire des nuits blanches, embrasser un garçon, se plaindre du froid, se faire beau et sourire sur les photos comme du danger, alors oui, peut-être un peu.


Mais ça reste de la zone de confort, parce que j'ai l'impression que je ne suis pas dans ma vie. Je suis un être humain rationnel et je me regarde vivre comme je regarderai un animal s'agiter dans une cage. Enfin, je ne me regarde pas, je me laisse faire. Ouh, là, ça se complique. C'est comme si j'avais deux entités dans le même corps, une qui fait, et l'autre qui ferme les yeux. Pas vraiment un chien et son maître, plus des parents laxistes et leur fils unique de 15 ans. C'est un peu cheap comme conceptualisation, vous m'excuserez, mon cerveau s'est arrêté de tourner depuis quelques mois.


C'est presque de la schizophrénie, en fait. Sauf que ce qui fait que je suis pas encore interné, c'est que les deux entités se rejoignent en de cours instants. Les fans de mon optimisme incurable vont être contents. Parfois, sans vraiment pouvoir le prévenir, je me sens moi dans ce que je fais. C'est dur de mettre le doigt sur les raisons précises qui font que mais ça arrive.


La dernière fois, j'étais dans le bain, et une fille assise en face de moi a sorti de nulle part une petite boîte ronde qui contenait de la crème adoucissante parfumée à la noix de coco et m'en a étalé doucement sur l'avant-bras. Je ne suis pas persuadé que le taux de niaiserie du truc corresponde au taux de belle intensité que j'ai ressenti sur le coup. Et maheureusement je ne fais que modérément confiance à Google Translator pour apprendre à cette fille que je lui dois mon dernier rapprochement d'entités. Mais c'est arrivé comme ça, vous voyez, sans vraiment prévenir. Il y a eu une fois à New York aussi, au Metropolitan Museum, et une dans un appartement quelconque à Champaign, Illinois. Vous voyez, ça arrive un peu n'importe quand mais ça continue d'arriver.


Alors bien sûr, l'idéal, ce serait une vie perpétuellement rejointe. Une vie une. Sans compromis, ni reniements, ni dénis, ni contradictions. Nan, en fait si, il faut des contradictions. Mais une vie où je ne me regarde pas d'un air désabusé enfiler des shots en rigolant bêtement. J'ai l'impression que ce dilemme imagé que je viens de vous décrire pourrait se résumer en une phrase toute bête mais ça ruinerait un peu le truc donc je ne vais pas la chercher.


Quand je suis de bonne humeur, j'aime à me considérer comme un rebelle sans cause. Comme si j'avais une rage, une énergie hors du commun mais qu'à défaut de vouloir me consacrer à quelque chose de consistant, je m'employais sans relâche à me perdre dans des exutoires tous plus inconséquents les uns que les autres. Quand je suis de mauvaise humeur, j'y pense même pas et je me contente des exutoires. Et quand je sais pas quoi faire, j'écris des articles.

10.23.2008


On m'a proposé d'écrire sur l'Amérique plutôt que de me perdre dans des considérations auto-centrées. Je ne sais pas si j'y trouverai assez d'excitation pour le faire longtemps mais je veux bien essayer. Avant cela, vous devez savoir quelque chose : je suis malade. C'est mon troisième rhume en deux mois, et encore on est à peine en automne. Donc m'en voulez pas si j'écris patraque.


Le plus dur, en écrivant sur mon campus, c'est de ne pas tomber dans les ornières. En réalité, je suis moi-même confronté à cette difficulté dans mes choix de vie. J'ai le choix de me laisser aller à l'Amérique de surface, et le choix d'y pénétrer, de me confronter. Mais je commence déjà à digresser.


Je vais vous parler de mon cours d'allemand de ce matin, tiens. Aujourd'hui, c'était Civilisation. La classe a donc consacré 45 minutes à passer en revue les différents droits qu'acquièrent les allemands au fur et à mesure qu'ils grandissent. A 13 ans, ils peuvent travailler, à 16, ils peuvent boire, à 18, ils peuvent voter et conduire. Plus proche du système allemand que du système américain, je me suis forcément placé en retrait et j'ai observé les réactions de mes camarades. 


Le plus intéressant était sûrement le débat qui s'est installé entre américains sur l'efficacité de leur propre système. La plupart seraient favorables à une autorisation de boire dès 18 ans, et la considèreraient même comme une avancée sociale. Il est vrai que dans cette Amérique de paradoxes, le premier est sûrement celui de l'alcool. Rappel : dans toutes les grandes villes et en général, on ne peut entrer dans un bar qu'à 21 ans, de même qu'on ne peut acheter et consommer de l'alcool qu'après 21 ans. Les bars de mon campus, et sûrement d'autres, acceptent les étudiants à 19 ans, mais ces derniers ne peuvent pas boire. Ce qui se passe, c'est que la plupart des jeunes américains fraudent dès la fin du collège en se procurant de l'alcool par des biais détournés ou en se procurant une fausse identité. Le culte de l'interdit qui entoure l'alcool agit comme un puissant excitant sur les esprits et c'est avec une vigueur renouvelée qu'ils vont se jeter sur l'alcool comme les juifs échappés d'Egypte sur la manne sacrée une fois qu'ils atteignent l'âge fatidique. Car, oui, on ne boit qu'à 21 ans mais une fois passé le cap, vous avez de quoi vous faire plaisir. J'ai recensé sur le campus dans un rayon de 15 minutes à pied pas moins de 6 magasins uniquement dédiés à l'alcool. Vastes surfaces à la gloire du pack de 40 ou de la vodka moitié prix. Quelques vins, et liqueurs mais surtout bières légères imbuvables et alcools forts bons marchés. 


Il n'existe pas à proprement parler de culture de l'alcool. Il s'agit de boire pour s'enivrer, et tout le monde le revendique haut et fort. Je ne peux pas m'empêcher d'associer cette ivresse irréfléchie à la privation que les étudiants ont subie auparavant. Comme un inassouvible besoin de rattraper le temps perdu et une incapacité à se contrôler, n'ayant jamais réellement appris de leurs erreurs, comme ont l'occasion de le faire les jeunes français qui vident une bouteille de vodka a 15 ans et ne le refont plus jamais. Les étudiants américains dépensent chaque année 5,5 millions de dollars dans l'alcool, ce qui représente davantage que leurs dépenses pour les soft drinks, le thé, le lait, le café, les jus de fruits et les livres rassemblées. Et je ne veux pas dédouaner l'Europe de ses problèmes liés à l'alcoolisme mais le phénomène national des Alcooliques Anonymes est un signe qui ne trompe pas.


Toujours est-il que les élèves avec moi en allemand avaient bien conscience de ce paradoxe américain qui délivre le permis de conduire à 16 ans mais une bière à 21. Le permis à 16 ans, ils y tiennent, par contre. Ils ne pourraient pas vivre sans, tout simplement. Les transports publics sont bien moins développés et la plupart expliquaient que dans leur ville natale, les seuls bus étaient les bus scolaires. Pour toutes leurs activités extra-scolaires, la voiture devient indispensable. 


Ils ont montré une certaine incrédulité devant l'absence de limitations de vitesse sur certaines autoroutes allemandes. Je me souviens aussi d'une question inattendue mais intéressante d'un des élèves : et c'est à 18 ans qu'ils ont le droit d'acheter des armes ? Comme s'il était évident que le port d'arme autorisé était universel. C'est choquant un peu aussi, c'est vrai. J'ai expliqué, en ma qualité d'européen, que les seules armes autorisées étaient destinées à la chasse et qu'en obtenir n'était pas une mince affaire. Il a eu l'air étonné mais n'a pas cherché plus loin. 


Les américains en général font preuve d'une certaine curiosité pour la France, Paris, en général. La moitié d'entre eux environ a déjà passé un jour ou deux à Paris dans le cadre d'un voyage organisé ou d'un séjour d'études en Europe. Ils me demandent où j'habite dans Paris alors je leur dis près de la tour Eiffel et ils reconnaissent et sont heureux. Et même si j'habite plutôt dans le 6ème, ça me fait plaisir de voir leurs yeux s'illuminer quand je cite la tour Eiffel.  


J'ai rencontré un américain qui m'expliquait qu'il aimait Paris parce qu'il pouvait s'asseoir dans un bar et aussitôt des français viendraient engager la conversation alors qu'ici ça n'arriverait jamais. Je lui ai expliqué que j'avais exactement la même sensation mais dans le sens inverse. Je pense que c'est ça, l'étranger, en fait. Peut importe où l'on est, à Champaign ou à Paris, juste s'asseoir dans un bar et rencontrer des inconnus. Et qu'il y ait de l'alcool ou pas, c'est toujours un peu magique.

9.01.2008

Embryonic Journey.


Ce que je vois des Etats-Unis d'Amérique me laisse perplexe. Et ce que je découvre sur moi aussi, sur mon rapport à Paris, aux autres. Tentez l'expérience : choisissez un endroit nouveau, dont vous ne connaissez quasiment rien, trouvez un chambre, payez votre premier mois de loyer et vivez. Vous avez le droit à 46 kilos de routine, le reste, vous le fabriquez sur place.

Souvent, on se demande, enfin je, comment on réagirait dans des situations extrêmes, si on sauterait sur les voies devant un TGV pour sauver une vie. Je ne qualifierais pas ma situation d'extrême mais elle reste complètement étrange et neuve, tellement il s'agit à chaque instant de recréer un environnement vital. Un espace à l'intérieur duquel on parvient à exister. Trouver des repères, se recréer une image, une garde-robe. Convertir ses goûts et ses idées à la sauce américaine, sans en perdre la contenance. Et puis en anglais toujours. C'est tout un système de pensée qui passe d'une langue à l'autre, tout un mode de vie. Mes petites blagues littéraires, mes dictons éculés, mon côté beau-parleur-intellectuel-raté-mais-qui-s'obstine, pfiouut, plus rien.

C'est étrange mais oui, je ne suis plus le même ici. Les gens ne me voient plus à travers le prisme LLG/Sciences Po déjà et c'est absolument libérateur. Personne n'a jamais entendu parler de Richard Descoings ni de Normale Sup. Ici, les gens me reconnaissent pour mon prénom français, celui de Jean Claude Van Damme, pour mes cigarettes et mes chemises blanches. Ce qui était complètement anodin en France prend soudain un relief inattendu. C'est ce que j'entendais par me "recréer une image", ce n'était pas à prendre négativement mais au contraire cette image que les gens renvoient et qui leur est vitale, j'ai l'occasion de la recréer ici, mais plus fidèle, moins éloignée de moi, de l'original. Je ne suis attaché à rien, je suis une page blanche, une étendue vierge sur laquelle je dessine ce que je veux.

C'est une chance fantastique quand on y pense. Finis les poids du passé, les erreurs, les regrets, plus personne n'est là pour me rappeler mon échec prépa, ma vie erratique, et les kilos que j'ai perdu. Alors bien sûr, on conserve certaines choses qui sont essentielles dans cette image, des choses qui nous ont fait tels que nous sommes. Mais ces choses sont à notre appréciation. Le risque est de refaire l'histoire, of course. De se faire une personne aux milles conquêtes et à l'expérience fournie. On peut violer l'histoire, pourvu qu'on lui fasse de beaux enfants, dirait l'autre. Mais non, même pas. Je me suis aperçu que je n'avais presque pas besoin de mentir, que je m'aimais comme j'étais finalement, avec mes erreurs, mes expériences et mes goûts. Pas si évident quand on y pense. Absolument face à soi-même, s'accepter. Enfin s'accepter est bien beau mais il s'agit aussi d'évoluer, de se transformer, de s'adapter et de se regarder prendre une nouvelle teinte.

Alors, le nouveau Jean, me direz-vous. Le nouveau Jean a un rapport difficile avec l'autre sexe. Parfois il traverse l'Amérique jusqu'à Atlanta, parfois il est juste un peu embrumé. Le nouveau Jean fume et boit beaucoup. Le nouveau Jean aime beaucoup l'Europe, aime voyager et la plupart du temps, il vient de Paris. Parfois quand même, il a passé son enfance à Lille mais c'est rare. Le nouveau Jean étudie les Sciences Politiques, c'est son "major". Au début, le nouveau Jean expliquait qu'il n'avait pas encore de "major" et qu'il faisait un peu ce qu'il voulait mais une fois qu'il s'est rendu compte que crier Political Science était beaucoup plus efficace que de tout expliquer quand il parlait à un garçon un peu bourré dans un bar à 110 decibels, il a opté pour les Sciences Politiques. Le nouveau Jean est élégant, comme tous les français n'est-ce pas. Il ne porte d'habits de sport que quand il va au GYM. Car le nouveau Jean est assez sportif même si dans un passé assez proche, il détestait ça. Le nouveau Jean nage, joue au foot, porte des Tee Shirts et est préoccupé par son apparence physique, juste ce qu'il faut. Le nouveau Jean mange beaucoup de pizza mais il sait quand même cuisiner, comme tous les français, parce qu'en France, tout le monde mange très bien. Des escargots, même, s'est-il laissé dire. Le nouveau Jean ne comprend pas tout ce qu'on lui dit mais il est sympa, il est toujours partant pour sortir et n'est pas chiant. Bon, quand il faut lui acheter de l'alcool, c'est pas toujours pratique, mais on lui doit bien ça.

Et surtout, le nouveau Jean est heureux, mais ça, ça ne change pas vraiment. Ce qui change, c'est qu'il est heureux mais qu'il a l'impression qu'une part de lui est restée en France. Il est aux trois-quarts heureux, voire un peu plus parfois mais jamais complètement, en tout cas pas quand il est sobre. Pensez-vous que le temps ne fasse rien à l'affaire ?

5.18.2008

Firefox 3.


J'écoute les cris de baleine bizarres qui sont au début de l'album de CocoRosie et je m'attache tant bien que mal à une tentative d'écriture. Cet article est marqué du seau de la contrainte. Ou, en des termes plus clairs, je dois l'écrire obligatoirement ce soir, et je ne dois pas me lamenter sur mes problèmes d'écriture. C'est comme un exercice, un peu. Je vais le voir comme ça, ça va m'aider, j'aime bien les exercices faciles moi. On te dit un truc, tu le fais. Aussi simple que ça, et c'est très reposant.

Je regarde vite fait le truc japonais/chinois sur W9. Les candidats doivent se jeter de toutes leurs forces sur des portes, certaines s'ouvrent, d'autres non. La première fois que j'avais regardé, je me demandais pourquoi ils se jetaient sur des portes fermées, j'ai compris juste après que certaines pouvaient s'ouvrir. J'aime bien regarder ça, c'est amusant, si on se laisse aller. J'irais presque jusqu'à le recommder à certains, qui ont des problèmes de laisser aller. Ils ont jamais appris. Ca leur viendra.

Ma vie, sinon. Un enchevêtrement de joies et d'ennuis. De joies teintées d'ennui, parfois. Quand je dis ennui, je pense boring, pas genre problèmes. On n'a jamais vraiment de problèmes, tout dépend du point de vue duquel on se place. Bref, j'ai pas à me plaindre, pas vraiment. Les Etats-Unis se rapprochent, se font plus concrets, même s'ils relèvent toujours du domaine du rêve. Je ne sais pas, j'ai certaines peur qui se précisent. Ne pas trouver d'amis, de vrais, je veux dire. Ou pire : avoir l'impression d'être en trop dans un groupe déjà formé, l'impression d'être une pièce jointe, comme dirait l'autre. J'imagine que j'ai toujours la bizarre impression d'être moins bien que les gens avec qui je passe du temps. Je pourrais même pas dire que j'ai pas confiance en moi, je dirais plutôt que l'image objective que je veux bien avoir de moi ne match pas avec l'image objective que j'ai d'eux. C'est une espèce de tension permanente entre ces deux images, la mienne, la leur, qui acceptent des concessions, chutent, se relèvent, prennent confiance, pour mieux rechuter ensuite. Je me veux objectif toujours, et c'est tuant. Pour régler ça, il faudrait que j'accepte de pouvoir me tromper, non, l'image que j'ai de moi et d'eux n'est pas si juste. C'est une question de temps et ça prendra le temps que ça prendra, le temps que je ne vive plus sur des images, mais sur ce qui est. Mission impossible, hum ? Est-il même envisageable de se détacher de nos jugements, de nos impressions, on vit juste avec. C'est marrant, je rejoins Descartes, sans même l'avoir prémédité.

Je fais toujours (still) des erreurs, et j'en parle toujours après, quand j'y arrive. Et souvent, ça se règle, juste comme ça, et j'apprends. Ou parfois non. La par exemple, je télécharge la saison 1 de Grey's Anatomy alors que je rentre dans une phase intense de travail. Mauvaise idée, je n'ai pas appris de mes erreurs passées. MAIS j'écoute CocoRosie alors que je trouvais ça lame au départ. La preuve est donc faite que j'ai appris à déjuger ce que je pouvais penser de prime abord. J'apprends donc de mes erreurs passées.

Good Friday est ma préférée, je crois.

3.15.2008

Jean perd encore un peu plus en crédibilité.


Comment vous dire ? Laurence Parisot s'est créée un compte Facebook et j'ai passé la soirée devant une série faussement décadente, au mieux drôle, au pire facile. C'est l'histoire d'un fameux écrivain qui ne sait plus écrire. Il n'y arrive pas, alors il tient un blog pour dévider les états d'âmes que lui inspire l'humanité et il baise un peu partout. En fait, j'en ai retenu une seule vraie leçon : la langue anglaise est quand même infiniment plus adaptée aux insultes.





En réalité, je n'aime pas écrire sur un blog. Je pense en permanence à la façon dont on va percevoir ce que je dis. Ce qui, vous me le concèderez, n'est pas spécialement aidant en termes de fluidité littéraire. Autre problème : je n'arrive pas à me prendre au sérieux quand j'écris. Alors j'oscille entre une prose négligente qui se veut criante de réalité et un perpétuel retour cynique sur moi-même qui coupe court à toute réflexion sérieuse.


Parfois, j'ai l'impression d'aimer quelque chose et c'est juste l'idée de ce quelque chose qui me plaît. C'est super bateau comme idée vous savez, je l'ai repêchée dans la série. Le mec se fait remballer par son ex qui lui reproche de n'aimer que l'idée de l'amour et pas elle. Et j'avoue que le concept a beau faire un peu magazine féminin, il m'a fait réfléchir. Là, j'aurais bien rajouté un "je sais ce que vous pensez" alors que non, pas du tout mais ça fait un peu trop blasé péteux à mon goût.


Je vous assure, j'aimerais pondre des jolis petits billets virevoltant d'amour et d'enchantement mais ce blog, ça doit être ma part sombre. Celle qui continue de m'emmerder quoique je fasse, et qui le fera toujours. Une espèce de conscience, qui continuera de m'asticoter à jamais et dont j'ai intérêt à faire bon usage. Parce que soit elle me pourrira la vie à force de me tirailler, soit elle m'évitera le piège tendu par la routine consciencieuse de la vie.


Trop d'influences, trop de choix, de décisions, de tentations et de passions d'un jour. Je crois que ce problème d'écriture que je ne m'invente certainement pas est révélateur de certaines complications internes. Allez savoir.


(Ce blog va se transformer en essai sur la difficulté d'écrire, et donc de se trouver. Je trouverais un titre bien pour sûr. Que pensez-vous de : De l'acte d'écrire et ses répercussions sur la personnalité.)