11.27.2007

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Je pense. A elle et a Elle. Triste sort que celui qui n'a jamais su choisir. J'ai rêvé de ma soeur hier, elle était dévorée par des fourmis rouges par millions. Clair obscur indéfinissable, porte ouvrant sur l'infini mais je ne trouve pas la poignée. J'ai croisé une fille hier, qui m'a jeté un regard méprisant. Je l'imaginais pendue au bout d'une corde à linge, au milieu de mon appartement. Cela m'a fait rire. Qu'est-ce qu'une vie sans rien ? Une coquille vide, un néant permanent vidé de toute substance, et sur lequel on s'accroche. Je ferme les yeux mais je ne sens plus mes paupières, le vide est là, toujours, devant moi, il ne s'en va jamais. J'ai l'impression de perdre l'équilibre, est-ce une illusion, je ne sais pas. Elle est toujours là.

Contre-poison. Là est l'éphémère remède.

Je ne dors plus, ou alors c'est pour me réveiller en sursaut. On m'a dit que j'étais d'humeur massacrante, je leur ai dit que j'arrêtais de fumer. Ils ont ricané, je leur ai tourné le dos, pour les retrouver en face de moi. Je ne ressens plus rien, mes goûts se sont taris. Plus rien pour les alimenter, j'ai soif pourtant. Même l'alcool ne me soulage plus. Elle est toujours là, mais elle ne comprend pas. Si seulement elle pouvait, ne serait-ce qu'un instant, venir me rejoindre dans cette pièce obscure. J'ai eu envie de dormir. Impossible toujours. Triste exutoire.

Mon entorse me fait mal mais je ne sais pas m'en débarasser. Il est venu m'en parler pourtant, m'expliquer mais je n'ai pas écouté. Il fait froid et la lumière est fade. La banalité quotidienne toujours reprend ses droits, je suis cloîtré, personne ne viendra me chercher. Je ne me plais pas ici mais c'est bien mieux que dehors. Sortir pour quoi ? Pour pleurer.

Je me suis fait un tatouage, je n'ai pas senti l'aiguille mais je suis marqué à vie.

11.19.2007

Lazing on a sunday night.



Qu'est-ce que vous voulez que j'écrive, moi ? Il y a bien trop d'attentes sur mes faibles épaules. Je dois écrire bien, écrire à propos de tout sauf moi. Ou alors, des réflexions autre chose que "j'ai joué au poker, j'ai fumé, j'ai dormi". Mais pourtant, c'est ce que je fais ! Quand on a vie pauvre comme la mienne, il devient difficile de produire rien d'intéressant. Ah, ça y est, je m'auto-critique.


Thomas lui, il trouve. J'vais vous dire, c'est parce qu'il a des points de vue. Ca change tout, les points de vue, t'as un fil directeur, comme quelque chose à quoi se tenir, et après, broder autour, c'est pas trop complexe, pour un peu que tu sois sincère. Mes points de vue à moi, c'est la péridurale, l'écriture et les rapports parents/enfants, alors forcément, ça vous excite un peu moins. Notez que je le conçois, hein, c'est pas ça le problème. Le problème, c'est pourquoi je tiens un blog si c'est pour écrire pour les autres. Go to hell, i'm self-sufficient.


J'ai connu les grèves samedi soir pour la première fois. Autant je suis pas dérangé d'habitude, j'ai tout ce qu'il me faut à moins de cinq minutes, mais cette fois, il fallait aller à Boulogne, un samedi vers 20h. Au début, j'avais peur de prendre le métro, que je sois ridicule. Alors j'ai attendu qu'il y ait deux, trois personnes qui descendent pour y aller. Tout en faisant mine d'attendre quelqu'un, bien sûr. Puis je suis rentré. Et figurez-vous que ça s'est bien passé. Je sais pas, j'étais bien dans le métro. Je dis pas que je ferais ça tous les jours, mais cette espèce d'ambiance un peu festive, ça me rappelait les soirs de match. Des gens partout, surtout à Châtelet, qui tentaient de se frayer un chemin à travers la foule. J'ai mis plus de temps bien sûr, et on était un peu à l'étroit dans les wagons mais enfin, quoi, j'avais Justice dans les oreilles, j'acceptais tout. On m'aurait demandé d'aller à pied à Boulogne, je crois que je l'aurais fait en souriant vaguement.


Peut-être suis-je d'une nature heureuse, comme Marc Lavoine dans le coeur des hommes, ou simplement, je suis devenu un parisien condescendant futur bobo-Télérama-chaussons qui s'étonne gentiment de ces lointains salariés qui se battent pour des choses qu'il ne comprend pas bien. Ou alors, simplement je me sens un peu solidaire de tous ces gens, et que le droit de grève, c'est quand même quelque chose d'important; c'est écrit dans la Constitution après tout. Elle sert pas à rien. Et Jack Lang et Balladur ont beau faire de la figuration dans un joli comité, elle existe, et on est encore censé la respecter, je crois bien.

De toute façon je n'ai pas de point de vue là-encore, que des idées, des nuances, des contradictions, des anecdotes, des vidéos, mais pas de point de vue. C'est ça d'avoir vécu dans des milieux différents. J'aurais dû passer du collège privé au lycée privée à l'école privée et avoir des parents chiraquiens, ça aurait été plus simple. Mais enfin non, il y a eu la case prépa, il y a eu Bayrou, il y a eu Matthieu et ses discours enflammés et puis Ségo, assez pour te déstabiliser. Cela viendra, je commence déjà à me façonner quelques certitudes. La façon de gouverner qu'a Sarkozy m'irrite et m'attriste, et ce qui m'attriste le plus, c'est que tout se fait dans l'ombre. On pourrait lire Le Monde même tous les jours et ne voir rien de choquant dans ce qu'il fait. Après tout, il est "moderne", il visite, discours et ne boit pas. Oui mais non, les arrangements se font bien loin des citoyens, les lois passent en vitesse, les conseillers gravitent. Et puis il y a les réformes, ah les réformes. Trois d'un coup, justice, éducation, retraites. On peut pas lui reprocher de passer par la petite porte cette fois. On peut être d'accord ou pas d'accord, toujours est-il que je me réjouis de l'opposition qu'il rencontre. La démocratie est toujours bien là. Ce n'est plus la gauche mais les corporations professionnelles elles-mêmes qui résistent. Les juges de province vont manifester en robe, les cheminots bloquent les rames. Moins politique, cette fois, ce n'est pas récupéré par un parti quelconque, pourrait-on penser. Oui mais il y a les étudiants qui ne font pas grève mais des mouvements sociaux. Et qui sont souvent des jeunes très à gauche. Alors oui, leur révolte semble moins légitime que les autres, d'autant que la réforme est bien moins terrible qu'ils veulent le faire croire. Seulement on leur envoie les CRS, et ils chargent, matraque en main. Les Compagnies Républicaines de Sécurité matraquent des étudiants républicains qui mettent en péril la liberté républicaine d'étudier pendant que d'autres républicains applaudissent. Laquelle est la vraie République là-dedans ? Qui a raison, qui a tort ? Où s'arrête la liberté des bloqueurs, et où commence la répression gouvernementale ?


Et moi, en attendant, je m'inquiète pour mon avenir.

11.02.2007

Le dilettantisme mène au crime.



Hier, je me suis couché à l'aube. Pas que je rentrais de soirée à moitié inconscient, non. Pas que j'avais passé la nuit avec un ami, ni même devant des films, non. Je n'avais rien fait. Ou plus exactement, je n'avais rien fait de bien. La notion de bien et de mal est toujours un peu approximative évidemment. Mais cette fois, je le sentais.

J'étais là, allongé sous ma couette, je n'avais quasiment pas bougé de la journée. Je n'étais sorti que pour m'acheter des cigarettes. La cliché typique du jeune mononucléosé asociable. Je m'apprêtais à m'endormir, comme ça et je me sentais mal. J'avais comme l'impression d'un immence gâchis, même un peu comme une trahison envers tous ceux qui pensent à moi et qui m'estiment. Le processus d'auto-culpabilité aidant, je me suis relevé et ai allumé la petite lampe. Les premiers oiseaux chantaient déjà dehors. Et j'ai pris un livre. Celui de Starobinski. Puis j'ai lu, et j'ai aimé, dès la première page, ses descriptions érudites et ses tournures entrelacées. Je me suis arrêté un peu plus tard, il était 7h, et je me suis recouché. Je me sentais mieux.

Ce soir, je ne serai pas seul, ni même fatigué puisque je me suis levé voilà deux heures à peine. J'en ai marre de ma flemme, marre de moi. Pourquoi personne ne me tape sur les doigts ? Pourquoi quand on le fait, je me dresse tel un offensé ? Je ne sais ce qui me pousse à ne faire que ce qui me plait artificiellement. Peut-être ce besoin de rattraper tout ce temps où mes parents ont fait régner avec pédagogie et dialogue les quotas de télé, d'ordinateur et de sorties. Maintenant, je n'ai plus de règles, alors je prends ma revanche. Vous allez voir, je vais faire tout le contraire de ce que vous m'avez toujours appris à faire.

Je suis définitivement immature.