10.21.2007

Difficultés-en-difficultés.


J'ai 19 ans aujourd'hui. Un drôle d'âge pour une drôle de vie. J'ai revu les "anciens" de la prépa hier. Je me sens toujours bien avec eux. Ils me mettent à l'aise. Je suis moi-même, peut-être un peu trop. Anyway, le temps file, et moi avec lui. J'ai l'impression de ne pas prendre le temps de me regarder, de réfléchir. Je ne lis plus trop, Johanna a raison. J'écoute beaucoup de musique, vois beaucoup Thomas, est-ce que cela compense vraiment ? Je vais lire Starobinski, celui qu'on m'a offert, Largesses. Joli titre pour joli garçon ?

On m'a aussi offert la presque-intégrale Boris Vian, cet auteur qui a réussi a préserver le côté fou en moi. Celui qui a fait partie de ma jeunesse, comme tous les autres, à qui je dois tant. Je lisais L'Ecume des jours en épiant le moindre jeu de langage et en me délectant de cet apparent non-sens, tellement différent, tellement agréable alors, un peu hors du temps, hors de mes préoccupations du quotidien. J'aimerais parfois décrypter la part de moi qui est due aux livres, et à quels auteurs ? Celle qui est due à ma mère, mon père, mes frères. Et celle qui est due à toutes les filles qui m'ont fait confiance, tous les garçons qui m'ont écouté parler. C'est une tâche impossible, tout ce que je peux faire, c'est essayer de découvrir les influences qui m'ont construit, et les développer, toujours plus.

Je ne me rends pas bien compte de la part de fixé en moi. Ais-je déjà certains traits qui ne changeront jamais ? Serai-je toujours dilettante, faible et souriant ? J'ai l'impression de changer tous les jours. Et je retrouve toujours les mêmes défauts ; ils ont la peau dure, les enfoirés.

Je suis perplexe devant les grèves. Que faut-il en penser ? A vrai dire, les deux tendances s'affrontent en moi avec force. D'un côté, des salariés qui ont l'impression d'être exploités, des salaires relativement faibles, des patrons qui s'en vont les poches pleines, des boulots parfois pénibles. De l'autre côté, des salariés qui n'ont pas l'efficacité et l'impitoyabilité du privé et dont la retraite est indexée sur leur dernier salaire, le plus haut, loin devant le privé, dont la base est fixée sur les 25 plus hautes années ! Je comprends le sentiment de floutage des uns, je comprends la hargne des autres. Ne serait-ce pas plus simple de mettre tout le monde au même régime ? Le conducteur de bus mérite-t-il plus que la secrétaire du cabinet d'avocat ? J'ai l'impression de marcher dans des ornières. Que mes opinions ne valent pas mieux que celles de la dame qui lisait Voici dans le métro hier. Il y a de quoi s'arracher les cheveux.

Ecoutez Interpol. Passez des heures sur Facebook.

10.13.2007

And I say no, no, no.


Versac n'est ni le premier ni le dernier à dénoncer l'imposture du prix Nobel de cette année. J'ai vu ce film de Al Gore, je le trouve intéressant mais fort réducteur, et surtout centré définitivement sur la personne d'Al Gore, dont on peut observer le minois enjôleur pendant les trois quarts du film. La cause soutenue a toutes les raisons de se développer. Mais il est dommage de devoir attendre un film grand public et un Nobel pour voir l'opinion s'y intéresser.

Manquerait plus que Nothomb obtienne le Goncourt.

10.12.2007

Nuit blanche aux Tuileries ou chez moi.


J'ai perdu hier 20 $ en l'espace de deux heures. Ce constat ne vous affole pas, à vrai dire ? Et pourtant, il devrait. Parce que je les ai perdus en jouant, au poker, sur le net. La question est : peut-on considérer cela comme une perte d'argent (et de temps ?). On m'avait un jour reproché dans un devoir de littérature de poser plus de questions que de donner de réponses. Je pense que ce vilain défaut me poursuit toujours, car les réponses manquent. Comme je ne sais toujours pas pourquoi je ne parviens pas à prendre la résolution de m'endormir avant des heures indues. I stay up late and I don't do anything productive, comme dirait l'autre. Ce n'est même pas que je n'ai pas sommeil, c'est juste que je ne parviens pas encore à considérer la nuit comme quelque chose de "rentable". Après trois ou quatre journées mornes comme celle-ci, je finirai bien par l'intégrer, parce que sans quoi, mon teint frais tournera lentement au gris, et ainsi de mon entrain. Et ça, non.

Thomas me reproche souvent de me perdre dans une tautologie littéraire dans chacun de mes "écrits". Pourquoi écrire ? Chacun a ses réponses, bien sûr. Pour la catharsis, pour prendre du plaisir et en donner, pour expliquer, pour partager, pour se comprendre. Toutes valables aussi, bien sûr. J'ai décidé (temporairement) d'éluder cette question et d'écrire "à l'aveugle". J'aurai bien assez de temps pour faire mon auto-critique plus tard. En attendant, je ressens ce besoin d'écrire, ce besoin de parler, toujours davantage.


Il n'y a encore personne qui me lit, ou presque. Ce sentiment d'impunité me galvanise. J'écoute les Klax'. Je pense à m'assoupir en attendant qu'on coup de sonnette vienne me réveiller.

Ah, oui.

Vu au Zapping. Ahurrissant.

L'Homme est-il encore responsable sous la Vème République ?

Il est 3h18. Encarta est mon dernier contact connecté. Sur Facebook, aucune nouvelle Friend Request. Johanna a éteint son portable et Thomas dort paisiblement sur un matelas, à côté de sa mère, le visage grave. Autant vous dire que je suis bel et bien seul. J'ai envie de vous partager quelque chose : je suis amoureux d'une fille qui m'aime aussi. Et je trouve ça fantastique. C'est sûr, je n'ai pas dû beaucoup écrire ce genre de choses dans ma vie. Une fois ou deux peut-être. On peut toujours en revenir aux illusions de l'amour, à ses faux-semblants, à ses tromperies. Quand bien même ils seraient inévitables, il n'y aura rien à regretter. Car rien ne peut égaler en intensité ce que je suis en train de vivre.

Je vous quitte une minute pour allumer une cigarette. Mon briquet a rendu l'âme il y a de cela quelques heures. En la maintenant bien droite sur la plaque chauffante, avec un couteau pour ne pas se brûler, ça fonctionne.

J'étais dans le métro cette après midi, vers Neuilly, les cours de tennis. Ligne 1, donc. Une horde/ribambelle/foultitude/kyrielle (pick the right word) de bambins du tiers de mon âge a pénétré dans le wagon Porte Maillot. Ils criaient de peur et de joie à chaque nouveau démarrage de la rame et je n'ai pas pu m'empêcher de me laisser toucher. Un léger sourire s'est posé sur mes lèvres et, les écouteurs crachotant du David Guetta blottis au creux de mes oreilles, je les regardais, et je souriais. J'aimais l'innocence de ces enfants, qui découvraient un monde nouveau et s'émerveillaient tout en voulant jouer les durs. Je les enviais un peu, peut-être.

Je me suis rappelé ce vieux thème de l'étonnement philosophique que j'avais découvert dans Le Monde de Sophie. Jostein Gaarder racontait qu'un jeune enfant, découvrant son père en pleine lévitation au beau milieu de la cuisine s'étonnerait et enthousiaste, s'écrierait : "Regarde maman, papa vole". Sa mère, quant à elle, prise de panique, s'effondrerait sous le choc. Nous autres, adultes (je m'y inclus, peut-être encore un peu à tort) sommes souvent empêtrés dans cet écheveau d'idées pré-conçues qu'on ne peut rien de plus que mépriser ou accepter, tant elle sont ancrées en nous depuis cette fameuse enfance, tant décriée, tant portée aux nues. En voilà, une belle tâche pour l'Homme ; s'étonner, toujours et encore, devant les nouveautés de la vie que recèlent souvent les détails inaperçus, ne jamais les détruire sans même leur jeter un coup d'oeil. Un combat perdu d'avance ? Je ne pense pas, pas complètement en tout cas. Voilà pourquoi je refuse ce qu'on apparente à du pessimisme ; le cynisme même me pose question. Ce cynisme mauvais, cet air blasé, ce regard inintéressé, tout cela oblitère avec une force d'inertie d'autant plus puissante qu'elle est à peine conscientisée, la qualité de l'Homme, sa seule qualité, tant faible que magnifique : la conscience qu'il a de lui-même. Car de là découle en droite ligne la découverte perpétuelle de son potentiel, sa capacité de jugement, d'auto-critique et d'évolution.

Et même si Pascal n'avait rien d'un luron, je le trouve percutant, parfois.

10.11.2007

Overture 1812

Il est temps de changer de peau. De balancer l'exuvie à la poubelle jaune. Je suis grand, et je me trouve plutôt pas mal. Je fais des revues de presse, des fiches techniques et des exposés maintenant. Je fais aussi des exégèses onomastiques, des sourires et des fellations, si on me le demande gentiment.

J'ai repris l'apparence du blog d'Emilio. En fait, j'espère secrètement qu'il m'ajoutera maintenant dans ses favoris. Il faudra que je fasse mes preuves avant. Alors je vais essayer de vous surprendre. De vous montrer que Jean fait plus que des blagues vaseuses et des dictionnaires de groupes Facebook. Je vais essayer de m'émerveiller, d'être pertinent, comme on dit.

Alors, c'est absolument pas un manifeste, qu'on se mette d'accord. Je changerai sûrement de style, d'opinions, d'humeur et de sexe. Et vous ne me jetterez pas la pierre. Parce qu'être insupportable, c'est le plus grand privilège de l'adolescence. Alors autant en profiter. Et je ne citerai les réfèrences que si nécessaire. Là, par exemple, le coup de l'adolescence, je vous dirai rien.

Je trouve ça facile d'écrire un article d'ouverture. Un peu comme faire une intro. Les doigts volent sur le clavier comme sur un corps de femme. Ils caressent, se font chatouilles, morsures, anguilles.

Je ne vous promets rien, magré tout. Parce que je ne sais pas ce que je peux attendre de moi. Je m'étonne, me découvre et me déçois en permanence. Tous les jours, j'ai l'impression que l'Homme est un peu plus complexe, et ça me rend fou et bouillant d'effleurer mon potentiel.