10.12.2007

L'Homme est-il encore responsable sous la Vème République ?

Il est 3h18. Encarta est mon dernier contact connecté. Sur Facebook, aucune nouvelle Friend Request. Johanna a éteint son portable et Thomas dort paisiblement sur un matelas, à côté de sa mère, le visage grave. Autant vous dire que je suis bel et bien seul. J'ai envie de vous partager quelque chose : je suis amoureux d'une fille qui m'aime aussi. Et je trouve ça fantastique. C'est sûr, je n'ai pas dû beaucoup écrire ce genre de choses dans ma vie. Une fois ou deux peut-être. On peut toujours en revenir aux illusions de l'amour, à ses faux-semblants, à ses tromperies. Quand bien même ils seraient inévitables, il n'y aura rien à regretter. Car rien ne peut égaler en intensité ce que je suis en train de vivre.

Je vous quitte une minute pour allumer une cigarette. Mon briquet a rendu l'âme il y a de cela quelques heures. En la maintenant bien droite sur la plaque chauffante, avec un couteau pour ne pas se brûler, ça fonctionne.

J'étais dans le métro cette après midi, vers Neuilly, les cours de tennis. Ligne 1, donc. Une horde/ribambelle/foultitude/kyrielle (pick the right word) de bambins du tiers de mon âge a pénétré dans le wagon Porte Maillot. Ils criaient de peur et de joie à chaque nouveau démarrage de la rame et je n'ai pas pu m'empêcher de me laisser toucher. Un léger sourire s'est posé sur mes lèvres et, les écouteurs crachotant du David Guetta blottis au creux de mes oreilles, je les regardais, et je souriais. J'aimais l'innocence de ces enfants, qui découvraient un monde nouveau et s'émerveillaient tout en voulant jouer les durs. Je les enviais un peu, peut-être.

Je me suis rappelé ce vieux thème de l'étonnement philosophique que j'avais découvert dans Le Monde de Sophie. Jostein Gaarder racontait qu'un jeune enfant, découvrant son père en pleine lévitation au beau milieu de la cuisine s'étonnerait et enthousiaste, s'écrierait : "Regarde maman, papa vole". Sa mère, quant à elle, prise de panique, s'effondrerait sous le choc. Nous autres, adultes (je m'y inclus, peut-être encore un peu à tort) sommes souvent empêtrés dans cet écheveau d'idées pré-conçues qu'on ne peut rien de plus que mépriser ou accepter, tant elle sont ancrées en nous depuis cette fameuse enfance, tant décriée, tant portée aux nues. En voilà, une belle tâche pour l'Homme ; s'étonner, toujours et encore, devant les nouveautés de la vie que recèlent souvent les détails inaperçus, ne jamais les détruire sans même leur jeter un coup d'oeil. Un combat perdu d'avance ? Je ne pense pas, pas complètement en tout cas. Voilà pourquoi je refuse ce qu'on apparente à du pessimisme ; le cynisme même me pose question. Ce cynisme mauvais, cet air blasé, ce regard inintéressé, tout cela oblitère avec une force d'inertie d'autant plus puissante qu'elle est à peine conscientisée, la qualité de l'Homme, sa seule qualité, tant faible que magnifique : la conscience qu'il a de lui-même. Car de là découle en droite ligne la découverte perpétuelle de son potentiel, sa capacité de jugement, d'auto-critique et d'évolution.

Et même si Pascal n'avait rien d'un luron, je le trouve percutant, parfois.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Hahaha.

Anonyme a dit…

Great work.